mercredi 25 février 2015

Journal de bord




Repet Afrobeat



Depuis plusieurs semaines la dimanche était devenue une journée attendue, une agréable habitude dans laquelle  on se sentait  chez soi, à l’aise, dans un lieu physique, un espace sociale. Cela était une dimanche spéciale, la dernière avant de se déplacer, de changer d’espace, de changer d’ eaux
Afrique mon Afrique  Il y a un bourdonnement, mais après tout c’est un moment assez silencieux  Afrique des fiers  guerriers dans les savanes ancestrales/ Afrique que chante ma grand-mère  Et il semble être un chant celui qui se lève de la scène : c’est une poésie, une poésie avec un son magnifique Au bord de son fleuve lointain je ne t’ai jamais connu  Et autour c’est le silence. L’attention maintenant est ici, sur ce qu’il se passe. Dans la salle on suit un respire unique : celui de la parole  Mais mon regard est plein de ton sang. Ton beau sang noir à travers les champs répandu/le sang de ta sueur/la sueur de ton travail  Une percussion commence à donner le temps. C’est comme un cœur qui, pour un instant  s’était arrêté pour  écouter , mais qui doit forcément reprendre à pulser Le travail de l’esclavage de tes enfants  De l’autre côté de la scène une autre percussion réponde : il y a un rythme, on l’aperçoit à peine, mais il y a! Afrique dis-moi Afrique/Est-ce donc toi ce dos qui se courbe/Et se couche sous le poids de l’humilité  Le volume des instruments est à la limite de l’audible : l’intention commune, précise et mesurée seulement par les regards, est celle de ne pas couper le flux des mots, mais au contraire, de devenir témoignes  du moment Ce dos tremblant à zébrures rouges/Qui dit oui au fouet sur les routes de midi Ces vers sont courts, prononcés avec un ton essentiel par une voix profonde. Parmi eux il reste l’espace pour ajouter quelque chose. Sans être violent un son électrique retenti : c’est une clavier qui s’ajoute à peine percevable, qui fait la base sonore, comme un lit confortable sur lequel maintenant tout le monde s’appuie et se berce Alors gravement une voix me répondit/Fis impétueux cet arbre robuste et jeune/Cet arbre là-bas/Splendidement seul au milieu des fleurs/Blanches et fanées  Les vers poursuivent et toujours plus de gens et de sonorités s’y mélangent, pour le plaisir commun d’y être, d’en prendre part.  Le volume s’élève, sans jamais être envahissant. Personne est à la guide, plusieurs yeux sont fermés, pourtant tous paraissent savoir qu’est-ce qu’il se passe et qu’est-ce qu’il se passera C’est l’Afrique ton Afrique qui repousse/Qui repousse patiemment, obstinément/Et dont les fruits ont peu à peu/L’amère saveur de la liberté
La poésie originale (Afrique mon Afrique) de David Diop se termine ici, mais qui a parlé jusqu’à maintenant, participe  à cette construction par son apport personnel. On continue, les mot sortent toutes seules, elles trouvent leur espace par la musique, qui reste en sourdine au service du volume humain du cœur, de la bouche légèrement soufflant le micro. Du moment que la parole termine, tous les sons qui attendaient patiemment d’exploser, en continuant à s’écouter réciproquement, se lèvent chacun à son tour pour ne pas s’étouffer l’un l’autre.
Pour chacun de nous qui qui était là, celui a été un moment plein de sens ; les instrument, au fin d’être un corps unique, ont su créer quelque chose qu’on ne peut décrire que comme la « magie du moment », difficile à saisir, à rattraper…
Ce laboratoire est le miroir des gens que  le traversent, plongés dans un milieu qui change toujours, et ce sont ces différences qui rendent sa forme insaisissable, mutable, indéfinie et toujours nouvelle. 

Stefania Megale 
traduction de Giusi Lumare


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